Le monde halluciné
Il y a quelque chose d'assez improbable avec la nouvelle création de Adam McKay. Alors qu'il venait d'acter la production de sa série sur les Lakers et pensait sans doute déjà à la série spin-off de Parasite, le réalisateur, scénariste et producteur de Vice cherche une idée pour un nouveau film dès la moitié 2019. Inspiré par un livre intitulé La Terre inhabitable : Vivre avec 4°C de plus, McKay se lance dans l'écriture avec l'aide de David Sirota, derrière l'idée originale qui fondera le scénario : une comète fonce sur la Terre, mais tout le monde s'en fout.
Franchement, moi, ça va tranquille :)
“Farce volontairement exagérée sur l’absurdité de notre monde moderne [...]”
- Le Parisien
Tu veux une petite blague ?
Délire co(s)mique
D'une certaine manière, Don't Look Up se mue en véritable quête, sorte de Candide des temps modernes, où les ingénus ne sont pas les héros, mais bien le monde qui les entoure. Adam McKay ne va alors rien se refuser décidant d'attaquer tout ce qui bouge au gré des rencontres de Kate et Randall. Sans surprise, le film est une critique acerbe de la politique américaine (et notamment des leaders républicains). Ainsi, la présidente et son crétin de directeur de cabinet - qui est également son fils, coucou les Trump (Jonah Hill en roue libre absolue) - décideront de parler de la fin du monde quand ce sera opportun électoralement. D'où cette annonce lunaire de l'existence de la comète avec feu d'artifice à la gloire des États-Unis, cérémonie militaire et choix d'un héros de la nation raciste...
“Il faut parvenir à se figurer l’effet mashup : la méchanceté de Mars Attacks sans les extraterrestres, la forme pâte à modeler d’un Frank Tashlin, la vitesse d’un Tex Avery, le délire de politique fiction de 1941 de Spielberg, les remugles d’un Welles affolant les foules avec la Guerre des mondes, ainsi que l’écho brillant de la pochade de McCarey Rally ‘Round the Flag, Boys ! – tout ça en parfaite pagaille déplacée à la Maison Blanche [...].”
- Liberation
Quel est le comble pour un astronaute ? (Répond directement sur la page, la réponse se trouve sur ton clavier ;) )
Déni tragique
On a beau rire de la débilité des personnages et des poncifs régulièrement dépeints par le 7e art (avec plus ou moins de subtilité, ici assez peu, il faut l'avouer), Don't Look Up évoque aussi en filigrane une injustice rarement traitée : l'effacement historique des femmes. Pour preuve, le personnage de Jennifer Lawrence qui est à l'origine de la découverte et finit presque par être effacé des médias au profit d'un homme, le personnage de DiCaprio ("le scientifique le plus sexy du monde" selon les médias). Ce dernier prend la lumière involontairement certes, mais sans jamais vraiment rechigner à recevoir les mérites de cette trouvaille quand Kate Dibiasky reçoit uniquement les critiques, moqueries et comme la comète porte son nom, en porte littéralement le fardeau.
Une thématique inattendue qui donne une autre valeur ajoutée au film plutôt bienvenue et marchant vraiment bien. En tout cas, à une époque où les inégalités hommes-femmes sont toujours aussi grandes, sa présence dans le film est plus que justifiée. Et d'ailleurs, il y a quelque chose de fort et meta à voir Jennifer Lawrence incarner Kate Dibiasky, vu comment l'actrice a également subi les frasques des réseaux sociaux de son côté ces dernières années.
“Admirablement joué par son tandem de stars, mais aussi par tous les autres astres qui gravitent autour, Don’t Look Up : déni cosmique réussit le pari de nous embarquer dans une satire follement ambitieuse de l’humanité 2.0.”
- Le Point